Le MENFP relance la réforme salariale sous pression syndicale

Alors que la rentrée académique 2025-2026 se profile à l’horizon, le Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) tente de désamorcer la grogne syndicale en lançant la distribution de plus de 34 000 chèques pour régulariser quatre mois d’allocation dus aux enseignants et personnels administratifs. Une démarche qui s’inscrit dans la continuité de l’accord signé avec les plateformes syndicales le 20 janvier dernier, à un moment critique de tension sociale dans le secteur éducatif.

Le programme de Carte débit  du Trésor public, censé garantir à chaque enseignant un montant fixe mensuel, tarde encore à être pleinement déployé sur le terrain. Si le ministère met en avant des « ajustements techniques » du côté de la BNC, partenaire financier du projet, les syndicats estiment pour leur part que les lenteurs administratives et le manque de communication fragilisent la confiance dans le processus. Plusieurs représentants syndicaux avaient d’ailleurs dénoncé publiquement l’absence de résultats concrets depuis la signature de l’accord.

Face à ces critiques, le ministre Augustin Antoine joue la carte de la transparence : plus de 3 500 dossiers de nomination ont été finalisés, tandis que plus de 300 enseignants déjà nommés mais non budgétisés sont en cours de régularisation. Il reconnaît néanmoins que la prolifération de faux diplômes et certificats nuit à la célérité des procédures. Le ministère a dû renforcer ses mécanismes de vérification, allongeant ainsi les délais de traitement administratif.

Au-delà de la question salariale, le MENFP tente de poser les bases d’un redressement structurel du système éducatif public. En misant sur une gestion centralisée, automatisée et sécurisée des paiements via la katdebi, le ministère espère instaurer plus d’équité, de rigueur et de transparence. Mais sans un dialogue social renforcé et des réponses concrètes aux revendications des syndicats sur la stabilité de l’emploi, la question reste entière : cette réforme technique suffira-t-elle à apaiser le malaise profond des enseignants haïtiens ?

Emmanuel Louissaint