Dossier MJSAC / Octavius : quand la justice se fait sur les réseaux

L’affaire impliquant la ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique, Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius, ne relève plus aujourd’hui du seul cadre institutionnel. Et c’est une tournure qui dérangent proches de l’intéressée et cadres du MJSAC. Ils dénoncent le fait qu’en l’espace de quelques semaines, « le dossier s’est transformé en procès médiatique anticipé, nourri par les réseaux sociaux, les fuites orientées, et une orchestration politique présumée ».
Port-au-Prince, 5 août 2025.- Tout a commencé fin juin 2025, avec la publication partielle d’un rapport d’enquête de l’ONG Ensemble Contre la Corruption (ECC). Sans avoir été validé ni communiqué officiellement aux autorités compétentes, le contenu de ce document a pourtant été largement repris sur les réseaux, parfois par des comptes anonymes relayant des accusations graves contre la ministre. « On assiste à un véritable lynchage numérique, où la rumeur prévaut sur les faits, et où la personne est jugée avant même que le dossier ne soit étudié par les juridictions compétentes », estime un responsable du ministère.
Dans les cercles proches de la ministre, l’indignation est palpable. Pour eux, cette dynamique relève moins de la transparence que d’une campagne de démolition orchestrée, avec pour objectif de neutraliser une figure influente du gouvernement. Certains pointent directement des « groupes d’intérêt » cherchant à se repositionner politiquement.
Le 16 juillet dernier, l’ULCC a perquisitionné les bureaux du ministère et a mis sous scellés des coffres contenants des documents importants. Cette action, largement médiatisée, fait suite à la transmission informelle du rapport de l’ECC. Depuis, plusieurs services internes sont paralysés, notamment la direction administrative et financière.
« Ce coffre contenait des pièces comptables, des bordereaux et des pièces justificatives pour la reddition des comptes de plusieurs activités officielles, dont la fête du Drapeau », confie un cadre administratif. «Depuis trois semaines, le ministère fonctionne au ralenti. »
Malgré l’absence d’inculpation ou de mise en examen, la ministre a été convoquée pour audition ce mardi 5 août par l’ULCC, renforçant la perception d’une procédure précipitée, engagée sans garantie de contradictoire.
Selon plusieurs sources concordantes, cette affaire dépasse la simple gestion des fonds publics. Dans les milieux informés, on parle d’un complot politique visant à affaiblir un ministère historiquement sous-financé, mais récemment redynamisé sous la houlette de Dévalis Octavius. Une proche de la ministre, affirme sous couvert d’anonymat : « Certains groupes ne supportent pas qu’une femme dirigeante et indépendante sorte du rang. Ils préfèrent une gestion opaque à une autorité visible et structurée. »
Au-delà des clivages partisans, plusieurs voix appellent au retour à l’équilibre. Les sympathisants de la ministre invitent les institutions à faire preuve de discernement, et appellent notamment l’ULCC à garantir l’impartialité de ses investigations.
« Le respect de la présomption d’innocence, des délais procéduraux et du contradictoire est une exigence républicaine. Ce ministère a besoin de justice, pas d’acharnement », affirment-ils.
La République
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