Artibonite : otages, tortures et silence d’État face aux exactions du gang Gran Grif

Dans la vallée de l’Artibonite, la population continue de vivre au rythme de la peur, des enlèvements et de la violence, sous le joug du redoutable gang Gran Grif basé à Savien. Alors que les autorités brillent par leur absence, les témoignages des rescapés se multiplient, révélant l’ampleur des exactions perpétrées en toute impunité.
Parmi les dernières victimes, un homme de 68 ans, enlevé à son domicile près du fort de Crête-à-Pierrot, témoigne du calvaire qu’il a enduré pendant 19 jours entre les mains du gang.
« J’ai vécu l’enfer sur terre », confie-t-il.
Menotté, emmené de force à Savien, il a été détenu avec plus d’une centaine d’autres otages dans une pièce exiguë, sans eau ni nourriture suffisante. Les violences physiques étaient constantes :
« Toutes les dix heures, ils nous battaient avec un bâton qu’ils appelaient baton bis bòl. J’ai reçu des coups à l’estomac et aux parties intimes. »
Il évoque aussi les cris déchirants des autres otages, dont certains ne seraient jamais revenus.
Sa libération a été obtenue au prix d’une rançon, payée par sa famille après avoir « tout vendu » pour réunir la somme exigée.
Mais au-delà de la douleur, c’est le sentiment d’abandon qui domine :
« Ce pays est abandonné. Les bandits font la loi. Où est la police ? Où est l’État ? »
Pire encore, il accuse certains agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) de complicité avec les groupes armés :
« Ils regardent sans rien faire. Certains sont même de mèche. »
À Savien, l’impunité règne. Pillages, incendies, viols, assassinats : les habitants de l’Artibonite vivent une guerre silencieuse, dans l’indifférence générale.
Ce cri d’un rescapé s’ajoute aux innombrables appels à l’aide lancés depuis des mois, sans réponse concrète de la part des autorités haïtiennes. Face à une crise sécuritaire de plus en plus insoutenable, l’État semble désarmé, et la population, livrée à elle-même.
La République
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